Beyris-Moncé : un tandem qui roule fortMichel Beyris et Gérard Moncé ont construit un prototype déjà redoutable dans les courses d'endurance. À terme, ils projettent de le commercialiser.
Gérard Moncé et Michel Beyris ont pensé cette voiture dans ses moindres détails. PHOTO LOÏC DEQUIERMichel Beyris, Gérard Moncé : voilà un tandem qui roule. Le premier, qu'on ne présente plus, est le patron du garage Renault situé à la sortie de Dax, en face de la RDTL. Un professionnel de l'auto qui a longtemps occupé ses loisirs à conduire des bolides. La semaine dans le moteur. Le week-end dans le baquet. Le second, bien connu également dans le milieu de la course auto, est un fringant retraité de la Police nationale. Qui, lui aussi, n'a pas ménagé sa peine pour exploser les chronos et s'affranchir des limitations de vitesse. Et ce, excusez du peu, dans le cadre de ses fonctions. Son précieux coup de volant lui ayant, en effet, permis d'intégrer l'écurie de la Police nationale. Une équipe avec laquelle il a remporté plusieurs épreuves d'endurance comme les 24 Heures du Portugal en 2004 et en 2007, s'il vous plaît.
Ces deux-là étaient donc faits pour s'entendre. À ceci près qu'ils n'ont pas décidé de faire équipe pour courir ensemble dans une même voiture, mais pour en construire une. Une vraie. Qui roule. Et vite, très vite. Un projet un peu fou, amorcé il y a trois ans et qui s'est concrétisé ces dernières semaines avec l'apparition sur les circuits de leur tout premier prototype. Un engin qu'ils ont entièrement pensé dans ses moindres détails, sur la foi de leur expérience, et fait réaliser.
Un diesel unique
Alors de quoi s'agit-il ? Accrochez vos ceintures et lisez bien le pedigree de la bête. La ligne d'abord : racée, agressive, de couleur blanche, elle doit ses courbes puissantes à la société Asma basée à Mauléon. La carrosserie, quant à elle, a été fabriquée par Landes Composite à Soustons. « On a essayé de faire travailler les entreprises du coin », souligne Gérard Moncé.
Mais c'est sans doute sous le capot que se trouve la vraie surprise. Le duo a en effet pris une option radicale, celle du moteur diesel. Presque un contresens dans le sport auto. Et pourtant la puissance est au rendez-vous. « On a fait ce moteur avec Jean-Marc Schmit, raconte Gérard Moncé. Il a notamment travaillé avec Schumacher chez Ferrari. » Dans le détail, ce prototype est équipé d'un moteur de BMW 120 D qui développe 130 chevaux. « C'est comparable à un 4,5 l essence », résume Gérard Moncé. Résultat, la boîte de vitesse assume les 195 km/h. Sachant que nous parlons ici d'un tout terrain…
Toutefois, si les pilotes que sélectionne le duo ont de la dynamite sous le pied, ce diesel offre aussi un avantage stratégique dans la conduite des courses. « Comme on consomme moins, explique Gérard Moncé, on s'arrête moins que les autres. Sur une course de 24 heures, on doit faire trois fois le plein alors qu'avec un moteur essence, il faut s'arrêter sept fois. On peut ainsi gagner cinq ou six minutes, ce qui nous permet de gérer une crevaison. »
Podium
Mais ce n'est pas tout. Ils ont aussi imaginé une suspension sur-mesure. « On a des amortisseurs oléopneumatiques, c'est-à-dire gonflés avec de l'air », précise-t-il. « Sans compter que nous avons 35 cm de débattement aux roues, ajoute-t-il. Ça veut dire que lorsque vous passez dans des trous, la voiture ne bouge pas. » Traduction pour les néophytes : il faut donc des ornières de mammouth pour commencer à lever le pied…
Le plus beau ? Ça marche. Et même très bien. « À Péronne, dans la Somme, le week-end dernier, nous avons fait une course de six heures, et on a fini troisième. Mais sans la crevaison on gagnait… » En novembre, ils disputeront les 24 Heures du Portugal.
Toutefois, si les deux hommes ont réalisé un rêve, ils n'en sont qu'au début. Car au-delà de la joie de voir leur voiture gagner des courses, l'objectif qu'ils poursuivent est encore plus ambitieux : commercialiser leur prototype. « On va proposer ce véhicule à la vente », confirme Michel Beyris. Suivant les options, le prix peut aller de 30 000 euros à plus de 100 000 euros. L'écurie Beyris-Moncé a lâché les chevaux…
Source: Sud-Ouest